Analyse de Film – La gloire des uns fait le bonheur des autres ?

Le bonheur des uns ... ne fait pas toujours le bonheur des autres

Première analyse en vidéo

Deuxième analyse

La gloire des uns, fait l'humiliation, l'admiration ou l'humilité des autres

Le titre ne va pas au bout, mais le film démontre bien ces trois réactions. Face à la réussite d’une personne on peut soit l’admirer, soit l’envier, soit la rabaisser…

Et malgré ce que l’on pense et souhaite, l’entourage, les amis, les voisins, le conjoint ne sont pas toujours les mieux placés pour accueillir le plus profond des êtres qui leurs sont proches. Trop habitués à voir ce qu’ils voient ! Dit autrement :  » nul n’est prophète en son pays « 

Pour analyser ce film je vais me servir de l’Ennéagramme, car les personnages semblent assez psychologiquement cohérents pour oser m’y aventurer ! Le but n’est pas d’avoir raison dans mon « typage » des personnalités mais de nous amuser à creuser plus loin, plus profond dans les rôles incarnés par ces acteurs fins, justes dans leur jeu et leur interprétation ! Ce film est l’adaptation cinématographique de la pièce de théâtre « L’Île flottante » du réalisateur ! Ce qui explique pourquoi le film ne passe à côté d’aucun détail et est très subtil !

Les personnages du film et l'ennéagramme

Marc (Vincent Cassel) : base 8 tête à tête "le chef"

Recherche de force et peur d’être faible

Marc est entier, franc, charismatique avec une blessure narcissique apparente. Il est fort et fragile à la fois. C’est ce qui rend aussi touchant le personnage ! Dès que quelque chose le déstabilise, il s’énerve, s’agace, s’exprime instinctivement sans filtre, et cherche à garder le contrôle sur son confort et vise sa satisfaction personnelle.

-« Je veux surtout pas que quelque chose change! » Marc 

-« Rien ne changera jamais, tout sera toujours comme ça a été! » Léa

Au début du film, Marc semble vouloir protéger Léa d’éventuels prédateurs dans le milieu de l’édition, mais il tient surtout à s’éviter une perte de contrôle et l’émergence d’une faiblesse. On peut dire qu’il est un mâle alpha, dominant. Léa l’appelle d’ailleurs « mon capitaine » pour lui rappeler tendrement qu’elle sait bien la place qu’il aime occuper, et ne pas froisser sa vulnérabilité, cachée derrière tout cet attachement à la force. Marc par sa pugnacité, veut obtenir un poste de directeur, il veut régner sur chaque situation et tape sur les points faibles de Léa pour garder le contrôle quand elle lui échappe ! Il n’encourage pas Léa, ne la félicite pas pour son livre, est-ce par jalousie ? non, il me semble plutôt déstabilisé par ce changement qui lui échappe et révèle en lui une force faillible !

– « J’aimerais vraiment que tu lises mon livre  » Léa

– « Attends, parce-que là c’est le moment de la série où on va comprendre qui est le tueur !  » Marc

Marc cherche à contrôler tous les détails du monde qui l’environne. Dès que la situation lui échappe, il en ressent une frustration insupportable à laquelle il réagit instinctivement par la colère. Devant un grand hôtel et une moto neuve, Marc plante Léa, qui ne souhaite qu’une chose partager avec lui son succès en lui disant « la moto, l’hôtel, je peux pas être un mec entretenu, voilà c’est tout! » ! Car il faudrait beaucoup plus de force à Marc pour être vulnérable devant Léa. Au milieu du film, Marc s’avouera vaincu face à Léa « en fait tu es plus forte que moi et je ne le savais pas » ! A ce moment là, Marc est dans sa vraie force !!! La force qui ne se sent pas menacée par la force qui existe aussi en face et qui au contraire reconnait qu’il a un adversaire et un partenaire de taille ! D’ailleurs après cet épisode, il ose vivre avec elle dans ce grand appartement, partager son succès, se laisser dépasser par la force de réalisation et le changement de Léa… Toutefois, à la fin du film, on voit Léa de nouveau seule et Marc avec une de ses subordonnées. Sans doute est-ce-plus facile de retrouver le contrôle et garder une place de dominant ! Marc n’évolue pas en base 2… dommage, il aurait pu comme Francis (vous verrez la description de ce personnage plus bas!) vivre depuis la force de son coeur, au travail comme à la maison !

« On était bien comme on vivait avant bordel, non ?! Avant c’était simple, je disais un truc, elle m’écoutait »

Léa (Bérénice Bejo): base 9 tête à tête "le pacificateur"

Recherche d’harmonie et peur du conflit 

Une base 9 limite angélique ! On ne trouve même pas une once de colère refoulée, même pas une petite désintégration en base 6 dans une anxiété… Rien. Elle est habitée du début à la fin d’une implacable douceur et d’une humble paix. Ah si, un tout petit pic est lancé envers son amie Karine vers la fin du film, qu’elle reconnaît aussitôt en souriant tendrement égale à elle-même ! Je pense sincèrement qu’il y a des êtres ainsi sur la terre dégagés de toute la charge animale qui rend misérable et médiocre le commun des mortels !

Bien qu’il soit facilement en base 9 de faire passer les autres avant soi, de ne pas se mettre en avant, Léa effectue du début jusqu’à la fin du film un parcours sans faute, sans reproche, sans rancune, sans colère, ni repli sur elle… Elle est en effet, la plus forte et la plus humble de tous ! Humilité et force étant intrinsèquement liés.  » L’humilité est une perpétuelle paix du coeur. C’est n’avoir point de trouble, c’est n’être jamais fâché ou vexé. Irrité ou endolori. C’est ne s’étonner de rien qui puisse nous arriver. De ne rien ressentir comme étant dirigé contre soi. C’est rester calme quand personne ne nous louange et si nous sommes avilis ou méprisés, c’est trouver en soi un lieu béni où se rendre, refermer la porte… être en paix, comme au sein d’une mer profonde et calme… » Docteur Robert Holbrook Smith

Ses faiblesses de caractère sont mise en évidence dès le début du film par tous ses amis « en choeur » :  » Léa ne sait pas faire un choix et n’est pas ambitieuse « 
A la question :  » Ile flottante en dessert ? 
 » 

Son conjoint Marc dit : » moi, je n’aime pas les îles flottantes, ce truc mou avec de la crème, beurk, j’aime pas ! » 

Léa à la base a son propre désir, elle veut une île flottante, mais son choix n’étant pas partagé par le groupe, elle recule et suit le choix du groupe ! Il est fréquent en base 9, d’endormir ses propres désirs pour préserver l’harmonie jusqu’au dessert !

Léa évite les conflits et sait les envelopper à la perfection ! Au point en effet, qu’il est difficile d’avoir un échange de tripes à tripes avec elle, pour savoir de quelle misère elle est faite ! Le personnage de Léa a les tripes si douces qu’elle incarne le ciel. Etant profondément humble, sans animosité, sans animalité, ses amis doivent doublement prendre en main leur jungle intérieure et se responsabiliser ! Avouez que ça peut-être agaçant 😉 !!!

Jusqu’à l’écriture du livre Bérénice se contente d’une vie simple, calme et paisible. Puis elle passe à l’action, sort de sa cachette, écrit un livre et va jusqu’au bout ! On peut dire, qu’elle évolue avec brio vers la base 3 ! Elle évolue en 3 et c’est pour cela qu’elle brille ! Toute base évoluant brille de l’éclat qui lui est propre ! Léa, sort de sa coquille 9 pour aller revêtir l’action puissante du 3, sans s’encombrer de la vanité de cette base (dont souffre justement son amie Karine). Léa reste humble, profonde, vraie, entière, simple, égale à elle-même. Cependant, le problème est là, Léa autrefois invisible, se réalise, deviens visible et célèbre ! Aïe, pour l’entourage non prêt à ce décollage immédiat !

Des questions me restent en tête : Son roman est-il inspiré du réel ou pas ? 

-Pour « le gars trop con » dans son livre, sait-elle inspirée de son conjoint Marc ou pas ? 

-A la fin, elle dit que son deuxième roman, racontera l’histoire d’amis qui se séparent parce-que l’un d’eux écrit un livre… Quid ? 

-Ses amis et Marc, ont-ils du mal à accepter cette nouvelle Léa qui révèle à la fois ses qualités d’observatrice et d’expression ? 

En effet, écrire c’est donner ce que l’on est et ce que l’on vit, donc c’est aussi donner ceux avec qui l’on vit ! 

-Se sentent-ils trahis par ce changement, par cet évènement qu’il n’avait pas prévu du tout ? 

-De quoi, ont-il peur ? d’être dépassés ? dévoilés, percés à nue  ? en danger ? Je pense que chaque base est renvoyée à sa peur principale !

Karine (Florence Foresti): base 3 tête à tête "le battant"

Recherche de réussite et peur de l’échec  Une fantastique base 3 comme on en fait peu dans les films ! Une base 3 qui rentre en compétition avec son amie d’enfance tout en le niant et en se mentant à elle-même ! -« Je dois avoir une zone aveugle! » En base 3 on ne cherche pas l’harmonie en 9, ni la force en 8, mais le challenge, le dépassement de soi pour être le meilleur en tout ! Karine qui se dit au début du film satisfaite de sa vie « j’ai la vie dont je rêvais! », elle a un mari qui l’aime, des enfants, une belle maison, le job de ses rêves, etc … Jusqu’à ce que son amie d’enfance, elle vendeuse à la défense, surprenne le groupe avec l’écriture d’un livre qu’on lui recommande même d’éditer ! Karine est ébranlée elle pensait avoir réussi sa vie mais est-ce-vraiment le cas ? D’un seul coup, la belle maison, les enfants, le mari, le job de rêve, ne valent plus grand chose car une réussite lui manque : l’art et la célébrité ! Ici, en base 3 on cherche à conserver une image satisfaisante de soi, image qui correspond généralement aux attentes extérieures de la société et de LA réussite.  Karine change d’identification et se raconte aussitôt qu’elle veut elle aussi, écrire un livre et l’éditer ! Une base 3 dans toute sa splendeur qui veut tout réussir, ce qui est chose impossible ! Karine n’évoluera pas en base 6 vers une réussite au service du groupe, dommage ! Elle ne parviendra pas à faire la vérité entre elle et elle-même et à parler authentiquement de ses doutes : suis-je au fond à la hauteur de tous ses objectifs que je me fixe ? Et à force de vouloir dépasser son amie Léa, Karine perd son coeur 100 fois dans le film ce qui rend difficile l’écriture d’un livre, car l’art nécessite de toucher par son coeur le coeur des autres ! Le paradoxe pour une base 3, pour réussir à écrire un livre, il faut être et non paraître ! Son mari probablement de base 2, l’aide à revenir à l’essentiel, à son coeur, à l’amour qu’ils partagent ensemble, il parle avec son coeur naïvement. -« Peut-être que comme tu dis, je me fiche de tout, mais je me ficherai jamais de toi, ni des enfants ! » Francis -« Oui pardon mon amour, pardon, tu as raison » Karine En conclusion, elle atteindra de nouvelles performances dans le domaine du sport, en faisant du marathon. Une fois une médaille obtenue : son besoin de performance assouvi, son identité rassurée : si j’ai réussi c’est que je vaux quelque chose, elle se détend vers sa base 9 et repense à Léa et se dit : « j’ai peut-être été un peu dure ! »

Francis (François Damien): base 2

Francis vit simplement dans son coeur ! Il amène un ton doux, enfantin, léger, drôle, décalé même ! -« Maintenant, on essaie Léa de faire comme toi « -« Moi j’ai bien aimé ton livre, je comprends que l’on t’aime bien!  » Lâche-t-il au « camps ennemi » de sa femme ! Un altruiste qui se cherche et cherche à rester utile. -« Maintenant, tu n’as plus besoin de nous ! » Il finit par trouver son talent, son truc, son art, la cuisine : -« c’est évident je parle tout le temps de bouffe et j’ai tout le temps faim, c’était là à côté de moi et je le voyais pas, pff ! » Je vois pour lui une évolution pour lui en base 4. Il crée son propre restaurant, ose être créatif en cuisine, servir tout en se faisant plaisir ! Il aime sa femme, ses enfants et les gens, un être avec ses combats mais sauvé par sa maison en forme de coeur !

Un point sur les couples du film :

💖 Le couple Karine base 3 et Francis base 2

C’est un couple dans l’image, centre coeur, centre relationnel, qui cherche la reconnaissance « qui-suis-je pour toi, pour les autres ? » L’exposition de leur art novice le montre bien ! Le but est de ne pas laisser l’autre indifférent, ils sont besoin d’une identité claire pour se sentir exister. Tous les deux cherchent leur originalité dans leur flèche 4 : est quel est mon unicité ? Leurs émotions principales sont la tristesse et la honte, dont ils tentent de se dépêtrés à chaque instant. Tous deux ont de la difficulté à plonger en eux, à comprendre leurs propres émotions, ce qui donne ce côté « qui sonne faux » et encore plus quand ils se lancent à l’écriture, à la musique, etc…! Je précise que ces moments sont très drôles et bien joués ! Ce couple reste touchant malgré tout ! Ils sont à chaque instant intimes, affectueux et soutenant l’un envers l’autre même lorsqu’ils sont pris dans leurs émotions ! On est bien au centre coeur, au centre relationnel, ça se voit ! Alors que Léa et Marc s’éloignent, Karine et Francis restent proches, intimes, expressifs ! Comme quoi … le film montre à quel point à force de courir après la gloire donnée aux autres on en oublie celle qui nous est donnée !

💛 Le couple Léa base 9 et Marc base 8

Un couple dans les tripes, un couple instinctif, centre corps, un couple dans le comment ?  Ils ont besoin de trouver leur place pour se sentir exister. Leurs émotions principales sont la colère, les tensions internes. Le personnage de Léa ne montre aucune colère, ni tension même en souffrance. En base 9 la colère est diluée dans un grand bain de doliprane naturel jusqu’à ce que la limite soit touchée ! Limite qui peut prendre des années !!! Marc au contraire, semble sans cesse frustré, en contrôle, tendu ! Marc est entier, clair, franc, direct, fort et si fragile ce qui semble à plusieurs reprises toucher le coeur de Léa. Léa est humble, douce, docile, adaptable, à l’écoute cela convient à Marc. Mais son « coming out » dans le milieu de l’édition lui fait perdre le contrôle de sa vie et de la relation alors le couple ne tient pas.

 

En Ennéagramme, il n’y a pas de combinaison idéale.

Ce qui compte c’est l’humilité et la conscience.

L’Ennéagramme aidant à être juste avec son axe de travail et d’évolution afin de cultiver un respect de soi, de l’autre et une certaine ascèse aidant à rester centré ! 

Et vous, quelle est votre personnalité ?