Mon article sur la perversion narcissique

La perversion narcissique

Perversion narcissique Emprise
Perversion narcissique Emprise

Pourquoi le choix de parler de la relation, plutôt que de parler d’une personnalité dite « perverse narcissique » ?

Je crois qu’il est important de mettre l’accent sur la relation qui se joue entre deux types de personnalités. Car c’est l’assemblage de ces deux types de personnalités, comme deux mécanismes qui s’assemblent, qui fait ressortir en chacun certaines caractéristiques de leur personnalité, créant du coup ce type de relation.

Il y a une permission très inconsciente de maltraitance, de la part des deux protagonistes qui permet à ce type de relation d’émerger.

 

Et en même temps, il faut appeler un chat un chat. Un manipulateur, un manipulateur… Un blessé, un blessé. Sinon on se perd ! C’est important d’assumer aussi cette partie de la réalité. Même si on aimerait voir tout le monde comme « beau et gentil », appelons franchement quelqu’un qui manipule un manipulateur.

 

Comment décririez-vous cette relation perverse narcissique ?

 

Je la décrirai tout d’abord, comme celle de deux personnes responsables de leurs actes, de leur passé, de leur présent, de leur futur, bref de leur vie ! Leur problème vient du fait qu’aucun des deux ne s’aime vraiment et ne s’assume assez tel qu’il est pour vivre une relation intime. Les deux protagonistes cherchent à trouver à l’extérieur d’eux-même, une relation qui compenserait leurs malaises intérieurs profonds. Au début la relation s’annonce parfaite. L’un croit avoir rencontré quelqu’un auprès de qui se sentir plus fort, comblé et en sécurité. L’autre pense avoir trouvé quelqu’un correspondant à ses caprices et sa « morale« . L’un va avoir une peur bleue de perdre la relation pour la petite goutte d’espérance d’amour qu’elle a promis. L’amour est si précieux, il est le plus précieux des parfums, qu’on peut pour une goutte espérée de ce parfum, se mettre à genoux. L’autre va trouver un « soin palliatif« , un centre anti-douleur, lui permettant de faire subir à l’autre, le mensonge qu’il est pour lui-même.

 

En l’occurrence, c’est un dépressif qui se nourrit comme un vampire de l’énergie des autres pour se cacher à lui-même sa propre dépression. La relation va osciller, alternant des moments de reproches, de culpabilisation et des moments d’extase, de shoot émotionnel « comme au premier jour« . Ce qui les rend encore plus dépendants. Au fur et à mesure les moments forts se font de plus en plus rares et sont donc de plus en plus espérés. Comme un alcoolique qui a besoin chaque jour d’un peu plus d’alcool.

 

 

C’est important pour vous de responsabiliser les deux parties ?

 

J’ai compris au fur et à mesure des cas qui sont venus vers moi, qu’il fallait dans un premier temps, soigner la victime et dans un deuxième, la responsabiliser, la remettre d’aplomb. Sinon comment ferait-t-elle pour avancer ?! J’aime assez la phrase qui dit : « Ne donne à personne le pouvoir de te rebeller, ni de te soumettre« . Personne n’est abusé, si il ne se laisse abuser. Des études ont montré, que lors d’une agression, le simple fait de dire : »non, je ne suis pas d’accord avec ce que tu fais » réduit le nombres de séquelles. Dans ce cas là, la victime est victime de la position dans laquelle elle se met, et le PN est avant tout son propre prédateur. Plein de violence, de paranoïa, de mensonges, de manipulations, de mauvaise foi.

 

La relation fait ressortir notre personnalité, sans la relation notre personnalité est intériorisée. Les relations sont faites pour cela. Et nous sommes des êtres à chaque instant libres de décider si oui ou non cette relation vaut la peine d’être entretenue. Les questions qui restent sont : Pourquoi nous restons ? Pourquoi nous y sommes attachés ? Pourquoi nous y sommes allés ? Observer notre comportement, être honnêtes envers nous-même, sonder nos motifs, inspecter les détails… Sinon comment se garantir de ne pas revivre cette situation ? Toute personne esclave de son inconscience, devient un jour esclave des autres. Quelqu’un a déjà dit ça non ? (Rires) ! Et bien connaître son histoire, c’est s’écrire un autre futur.

 

Si vous en parlez, est-ce que parce-que vous l’avez vécue ? Vous pouvez-nous parler de votre expérience ? Si cela ne vous gêne pas bien sûr…

 

Vous avez raison de me poser cette question. Sachez que je tente de ne parler que de ce que j’ai vécu. J’aime partager mon expérience, cela permet aux gens de s’identifier, de comprendre leurs histoires en entendant les miennes, sans se sentir seuls. Oui, j’ai moi-même été à plusieurs reprises attrapée ou attirée disons, par ce genre de relation, bien plus d’une fois. Je crois pour deux raisons. 

 

La première : « j’avais facilement des paillettes plein les yeux« . Il m’était facile de croire non seulement à mes paillettes, mais aussi à celles des autres. Si vous voulez, il était facile de m’en mettre plein la vue. Je croyais à la magie. Et je voulais y croire….au prince charmant, si beau, si grand, qui me choisirait parmi toutes les princesses du royaume (reconnaissant ainsi ma valeur) et qui m’emmènerait sur son beau tapis volant et me comblerait de tout ce que je n’ai pas reçu, et que je ne sais me donner… Bien sûr tout ça était inconscient. Comme beaucoup d’ailleurs. Mais soyons bien clair, toute cette envie de fantasmer la réalité, dénotait une envie de fuir la réalité, par peur de vivre dans la réalité ! Car la réalité est tout autre. Nous vivons dans un monde disons « compliqué » avec du danger. Sans
vouloir encourager la politique de la peur, il n’empêche que le monde est comme il est.

Nous sommes des êtres humains, imparfaits, avec plein de failles, nous ne pouvons que nous l’avouer, nous accepter comme tels et nous savoir tels (nous même et les autres)! « La connaissance de nous-même nous met à genoux« , disait mère Térésa. Ce qui est nettement plus dur à accepter que les paillettes auxquelles je voulais croire ! Alors voilà, si un homme était prêt à incarner ce rôle, à se présenter à moi avec une audace qui dit : « je suis le meilleur, je suis supérieur aux autres, j’ai confiance en moi« , mes yeux le revêtaient de toutes les gloires inimaginables pour le poser en supériorité par rapport à moi-même et aux autres. Croyant qu’être à son côté me protégerait de la dureté du monde. Je vous laisse imaginer la suite… Ça ne se passait pas du tout comme je l’avais imaginé…

 

La deuxième raison : c’est que j’avais toujours à l’idée que l’amour se gagnait par des efforts et qu’il fallait que je reste toujours au meilleur de moi-même pour le mériter. Ce qui rendait du coup la relation d’amour intime impossible. Puisque l’intimité c’est justement faire tomber le mur des apparences pour découvrir que l’on est aimé tel que l’on est, ici maintenant. Je me piégeais donc moi-même en voulant plaire et mériter l’amour. Je mettais en avant l’aspect de ma personnalité qui allait être accepté et employais tous mes efforts et mon énergie à rester ainsi. Au détriment du chagrin sous-jacent, de ne pas être vue, aimée et accueillie pour ce que je suis en dessous de cette apparence. Je vous dis cela, mais soyons bien d’accord j’en étais inconsciente !

 

On a là la névrose des princesses. Pour être aimée et choisie parmi toutes les filles du royaume, il faut être soi-même une princesse et la plus belle du royaume ! Je vous le dis avec ces images-là, parce qu’elles ont bercé nos enfances et qu’elles ne peuvent offenser personne !

 

Quel tableau ! Ça c’était votre cas, on va dire… Vous pensez que c’est la même chose pour tous ?

 

Oui, ce n’est pas par hasard que je choisis de vous parler de cela. Au fond c’est la même pathologie. Une maladie d’amour qui va chercher au mauvais endroit sa médecine. Je suis une femme, mais cela peut aussi toucher des hommes. Eux aussi peuvent vouloir croire aux paillettes mettant de côté leur discernement et s’attachant du coup à une femme qui n’aimera d’eux que leur « avatar », l’image projetée en début de relation. Vous savez, quand les deux annonces publicitaires se rencontrent, comme sur Meetic !


Est-ce-que vous pouvez nous parler des symptômes que renferment ces relations ?

 

Pervers en latin signifie renverser.

Narcissisme veut dire s’admirer soi-même.

 

Les relation PN sont donc des relations renversées, qui nous fourvoient, nous égarent, nous confondent, nous détournent du but même de la relation. Elles renversent l’ordre fonctionnelle des relations. Au lieu d’être dans un face à face d’égale à égal, d’évoluer ensemble dans une entraide commune, dans une sensibilité permise, accueillie et respectée, d’aimer prendre soin de l’autre et que l’autre prenne soin de nous, la relation PN met en place tout l’inverse ! C’est en cela qu’elle est perverse. J’appelle ça la peste des relations. Elle est comme une pomme rongée par les vers. Elle crée un « maître et un esclave », « un bourreau et une victime », « un tyran et un martyre », un au dessus de l’autre, un soi-disant mieux que l’autre.

Au lieu que les torts soient partagés, que chacun s’occupe d’abord de son propre cas, de sa propre part de responsabilité. La relation se déséquilibre. Tout se mélange, se délie et se renverse. Un des protagonistes sait retourner la situation  » à son avantage  » afin de s’en décharger, et charger (culpabiliser) l’autre partie de tout ce qui ne va pas à sa guise.

 

Qu’en est-il de la personnalité dite perverse narcissique ?

 

La personnalité dite perverse narcissique, détourne l’attention qui pourrait être
posée sur ses failles en pointant celles de l’autre. Comme un mari qui tromperait sa femme, accuserait sans cesse sa femme d’infidélité. Celle-ci pourrait s’acharner à lui démontrer de toutes ses forces qu’elle lui est bien fidèle, tout en ne se posant du coup pas la question sur la fidélité même de celui-ci. Les PN sont les champions des renversements de situation, pour eux c’est une partie d’échecs ! C’est d’ailleurs comme cela qu’ils en arrivent à la mythomanie, par narcissisme. Par admiration de lui-même, il est prêt à employer tous les moyens, à mentir, manipuler, pour conserver une certaine image de lui-même et continuer ainsi à s’auto-admirer. « Non je n’ai jamais fait cela, je suis quelqu’un d’intègre moi!« . Il croit vraiment qu’il lui suffit de dire « j’ai les mains blanches » pour les avoir blanches. C’est un enfant capricieux qui se croit tout-puissant et dont l’évolution émotionnelle s’est bloquée. Un PN a comme un mur glacé entre sa personnalité (apparence extérieure) et ses émotions (vie intérieure). Il n’a pas accès à ses émotions de manière naturelle. S’il pleure cela sera encore à des fins de provoquer un sentiment de culpabilité chez l’autre. Sa maladie est donc de ne pas parvenir à se responsabiliser, à s’approprier sa vie intérieure, à vivre sainement, pleinement les émotions qui le dérangent. Il se protège et se décharge de sa propre misère, au point d’en arriver à la faire porter à l’autre. Par exemple, si il ne peut assumer un sentiment de honte, il dira : « j’ai honte de toi » ou bien  » j’ai honte pour toi, tu as vu ce que tu as fait » .

 

Un pervers narcissique prend la souffrance de l’autre comme de l’amour pour lui-même. Il aime voir l’autre se dégrader, s’humilier, se mépriser, se laisser mourir même. Son but est de la pousser à un profond déni d’elle-même, qui la mènerait à un suicide psychique ou physique afin de pouvoir lui dire : « Tu vois que le problème vient de toi. Ton cas s’empire de jour en jour. Je me demande ce qui m’a bien pris de me mettre avec toi…Tu es un véritable boulet pour moi…« . Un PN se sent « tout puissant » quand son compagnon va mal. Il a alors le sentiment d’avoir un droit de « vie ou de mort » sur l’autre, de pouvoir lui faire « son procès » et de choisir sa sentence. Au niveau psychiatrique, on le sait, les pervers narcissiques peuvent en arriver à tuer ou à pousser l’autre au suicide. Malheureusement, c’est la triste vérité. Et c’est bien la même maladie à des degrés différents. C’est pourquoi il n’y a pas de quoi en rire quand on le vit, et sans limite on ne peut que s’engouffrer dans un enfer.


Pourrait-on trouver une raison dans l’enfance qui engendrerait une telle personnalité ?

 

Une énorme blessure de trahison qui donnerait envie de tout contrôler, d’inconsciemment manipuler (les autres et soi-même!) afin de tout faire pour ne plus jamais la revivre et se protéger des relations qui sont devenues pour lui un terrain trop dangereux… Même si la guérison se trouve justement dans le fait de revivre ce sentiment de trahison en conscience étant adulte !

 

Quant à la personnalité de la victime ?

 

La personnalité dite victime, est une personnalité inverse, c’est une éponge qui va s’imbiber de tout ce que va dire le PN. Il faut bien que les deux pièces du puzzle s’emboîtent. Si l’un ne prend pas en charge le poids de sa propre misère, l’autre veut tout porter et prend pour parole d’Évangile tout ce que l’autre dit. Parce qu’il l’idéalise, à croire qu’il le prend pour Dieu !

La victime manque de confiance en elle, elle cherche le nord. Elle pense que l’amour se mérite, se gagne par des efforts. Elle se rejette. Elle n’accepte pas certaines parties d’elle-même, ses failles, ses imperfections, et ne s’acceptant pas pour ce qu’elle est, elle permet du coup à l’autre de le lui reprocher. Par exemple, si je ne m’aime pas physiquement, je vais permettre que l’on me dise : « Tu ne me plais pas trop finalement, je suis déçue, j’aime les filles plus grandes, plus fines… En plus, tu as pris du poids…« . Le but du PN n’est pas de simplement vous dire un petit « défaut » sur vous-même, mais de vous mettre mal à l’aise, de vous déstabiliser, de vous faire douter de vous-même. C’est ce qui va prendre la place de la relation : les phrases assassines et dénigrantes. Comprenez bien. Ce n’est pas grave que quelqu’un ne nous trouve pas à son goût, mais diantre, que ce ne soit pas celui avec qui l’on dort !!! Il déverse sur vous tout son mal-être, afin d’avoir quelqu’un avec qui le partager horriblement.

 

C’est pourquoi il a horreur de la solitude. Il a horreur de ce qu’il ressent quand il est seul, sans personne à blâmer. Il a en réalité, viscéralement besoin d’une victime, et il sait la trouver. Dès qu’une histoire est finie, il passe vite à une suivante. Il joue avec vos blessures, vos faiblesses, il remue le couteau dans la plaie, c’est ce qu’il flaire sans aucun effort. Et à l’extérieur, il reprendra le rôle de Monsieur Parfait. Ce qui vous rendre encore plus fou/folle et confus(e) ! 

 

La victime va se plier en quatre pour maintenir la relation, « se mettre à genoux » en pensant qu’ainsi la relation sera lisse, sans entrave puisque elle croit vraiment que « tout vient d’elle » (par exemple elle va payer toutes les factures, se couper de ses amis, prendre tous les problèmes à sa charge), tout en ne pouvant pas non plus accomplir de miracle. Elle se met donc dans des postures bien délicates, souvent angoissantes qui ne font qu’aggraver son désamour pour elle même. Par exemple : je me dis que si je fais un régime, l’autre m’aimera plus ou n’aura plus honte de moi, et en même temps je suis incapable de ne pas me jeter sur la tablette de chocolat à minuit ! Elle pense qu’elle sera digne d’être aimée quand elle sera plus ceci ou plus cela. Ce qui est un objectif vain qui va créer un déchirement intérieur très puissant : je rêve de recevoir cela mais j’y ai pas le droit, parce que je ne suis pas encore digne de le recevoir. Elle croit que le problème ce sont ces failles, le problème c’est qu’elle n’accepte pas ses failles !!!

 

Et par-dessus tout elle ne voit pas du tout le jeu du pervers. J’ai été surprise d’entendre un jour un ami me dire, qu’il avait vu de suite le jeu de manipulation d’une personne que l’on connaissait en commun et qu’il avait su dès le début poser une relation d’égal à égal qui n’avait jusqu’à présent pu être entravée. Comme quoi, certains ont les bonnes lunettes ! Là on est dans le cas inverse, la victime se fait prendre par une toile psychique, de laquelle elle ne peut sortir qu’en en comprenant les rouages. Au lieu de ça, elle joue sur son terrain à lui, avec ses règles folles. Elle cherche en vain à lui clamer son innocence, à lui prouver son envie sincère de tout faire pour lui faire plaisir, pour le rendre heureux, pour garantir le bien-être de leur relation. Mais ceci n’est pas le propos de son cher alter ego, qui pour des raisons psychiques a besoin de faire subir à l’autre un certain état psychique pour se sentir puissant et contrôler la situation. Je prends souvent l’histoire du loup et de l’agneau. Le loup veut manger l’agneau et il va le faire, il en a les moyens, « sans autre forme de procès » nous dit la fable. Alors pourquoi bon sang lui tient-il tout un discours avant de le manger ? !!! Par simple plaisir de voir l’agneau se débattre, se fatiguer, se justifier, trembler devant lui, se soumettre pour le supplier … Cela s’appelle du sadisme et de la toute-puissance. C’est horrible. Je suis d’accord.

 

Et les raisons pour lesquelles il le fait, sont celles que j’ai décrit en haut, sans la faiblesse de l’agneau qui serait-il ? Un pauvre loup affamé sans sentiment de toute-puissance…


Qu’est ce qui pourrait expliquer qu’une personne en arrive à ce point à douter d’elle-même ?

 

Un profond manque « de soin » et d’amour dans l’enfance. Une mauvaise image de soi. Une blessure de rejet, d’abandon, d’humiliation, de maltraitance (verbale et/ou physique). Une éducation qui demande « d’être à la hauteur » de l’idéal de papa ou de maman. Souvent les personnalités dites victime dans l’enfance se sont senties mauvaises, responsables, coupables de la situation ou de la souffrance de leurs parents. Elles n’ont pas appris à faire la part des choses, et sont ainsi très confuse dans la relation à l’autre. Par exemple, si papa et maman se séparent c’est parce que je crie trop ou que j’ai de mauvaises notes à l’école. Se faisant croire ainsi qu’en devenant sage, papa et maman se remettront ensemble… C’est aussi de « toute-puissance ». Car la vérité est là, papa et maman se séparent pour des raisons autres que l’enfant et l’enfant n’y peut rien… Elles manquent de repères relationnels sains pour rentrer en relation. Elles donnent tout, trop vite à partir d’un désamour profond d’elle-mêmes, afin d’être aimées, et ça ne marche pas bien évidemment… ! Se blessant ainsi d’avoir fait passer les intérêts de l’autre avant les siens, de l’avoir mis sur un piédestal à tort, et d’avoir cru que son comportement allait décider de toute la relation.

 

Parfois les gens me disent : « je n’ai aucun problème avec mes parents, aucun traumatisme« . Ils n’ont juste pas conscience de la partie cachée de l’iceberg. C’est très compliqué l’Amour pour des humains, faut pas croire ! C’est quand j’ai compris qu’aucun humain sur la terre ne pouvait me donner la qualité d’amour que j’attendais, que j’ai commencé à prier Dieu ! On peut tout avoir reçu dans son enfance et pourtant il peut manquer ce regard plein d’amour qui fait que l’on se sent vraiment aimé pour ce que l’on est, sans rien avoir à rajouter. Être aimé au-delà de nos bonnes notes à l’école, au delà de savoir retenir ses larmes et être sage, au delà de ne pas crier trop fort, faire ses devoirs, ranger sa chambre, faire son cartable, finir son assiette, ne pas parler à table,…

L’amour n’est pas comme ce monde. Il ne répond pas aux règles de ce monde. L’amour vient d’ailleurs. Il est autre chose…

 

Pour résumer vous diriez que ces relations malades sont dues à quoi ?

 

1- Au fantasme, à un manque d’acceptation de la réalité, à une tentative d’échapper en vain à ce qui nous dérange ou nous fait peur. Chasse la réalité, elle revient au galop ! Souvent les gens me disent : non mais tu te rends compte, il est comme ça. Mais si je leur demande : pourquoi au début, ils se sont mis avec cette personne ? Ce n’est jamais pour des raisons « profondément raisonnables« . Souvent, ils se sont surtout attirés chimiquement, « névrotiquement » et n’ont pas trouvé le moyen de savoir qui était l’autre avant d’entrer en relation. Chacun s’est raconté la petite histoire qu’il voulait sur l’autre… Sans parvenir à vérifier, scruter, discerner si celle-ci correspondait à la réalité de ce qu’il pouvait vivre.

2- A une mauvaise compréhension de l’amour. L’amour est autre chose que de la tyrannie ! L’amour prend la personne à l’endroit où elle est, comme elle est, dans l’état où elle est, et l’emmène avec confiance et empathie au plus grand de ce qu’elle est. L’amour ne fait pas ça par intérêt, l’amour fait ça simplement par amour et corrige ainsi tout ce qui n’est pas amour.

 

Bon je ne vais pas citer 1 Corinthiens 13 mais tout a été déjà dit !

 » L’amour est patient, il est plein de bonté ; l’amour n’est pas envieux; l’amour ne se vante pas, il ne s’enfle pas d’orgueil, il ne fait rien de malhonnête, il ne cherche pas son intérêt, il ne s’irrite pas, il ne soupçonne pas le mal, il ne se réjouit pas de l’injustice, mais il se réjouit de la vérité; il pardonne tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout. L’amour ne meurt jamais. Les prophéties disparaîtront, les langues cesseront, la connaissance disparaîtra […] Maintenant donc ces trois choses restent: la foi, l’espérance, l’amour ; mais la plus grande des trois, c’est l’amour « .

 

Puisque c’est l’amour qu’on cherche alors, parlons d’amour … !

 

Pourquoi pas ? Mais ce ne serait pas ironique de parler d’amour dans un cas aussi violent que sont ces types de relation ?

 

Avant de chercher à comprendre la maladie de ces relations perverses, intéressons-nous à ce qui a soutenu leur élan. Quelque chose à la base de merveilleux : la recherche de l’amour. L’envie d’aimer et d’être aimé. La plus belle chose qui soit ! Tout le monde a soif d’amour ! On croit vouloir un nouveau sac à main, en fait on veut de l’amour ! (A méditer!) Que cherchons-nous si fortement pour rentrer si intensément dans ce genre de relation ? That is the question ! Cette maladie vient de notre désir à aimer et être aimé, et de notre recherche incessante à combler ce désir fou ! Parce que l’amour est fou ! Fou pour le monde, mais sage pour l’amour ! J’encourage les lecteurs, à sentir ce désir au plus profond d’eux même, car c’est de là que tout part, et c’est pour ça qu’on est là. Ça c’est la bonne nouvelle ! On ne guérit pas en sachant tout de la maladie, on guérit en comprenant ce qu’est l’amour ! Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain ! Enlaçons le bébé, et laissons partir l’eau sale ! Le bébé propre c’est ce que nous avons cherché dans ce type de relation, et l’eau sale ce sont les conséquences de notre recherche désorientée. La maladie ne vient pas du fait de désirer. La vie vient du désir. La maladie vient de l’endroit où nous allons chercher à combler nos désirs … Si je cherche à combler mes désirs au bon endroit… je suis saine. Si je cherche à combler mes désirs au mauvais endroit, je suis malade. Par exemple, si j’ai le désir de me marier et de fonder une famille, et que je vis une relation avec un homme déjà engagé. A moins d’accepter la polygamie, je vais finir par souffrir et me rendre malade. Parce que ce que je vis ne correspond pas à ce que je veux.

 

La question du coup, c’est « que désirer pour être sain et sauf ? »

 

Moi je dis souvent de désirer l’Amour. L’Amour avant toute chose. L’Amour avant un homme, une femme. L’Amour ce sont les fondations, sans ces fondations-là, la maison ne peut tenir debout. Chercher l’Amour d’abord. Et dissocier l’Amour de l’homme, de la femme. L’Amour est plus grand que ça. Il remplit le coeur et le coeur plein, le reste suit..

 

Racontez-nous comment vous vous en êtes sortie ?

 

J’ai accepté la réalité. J’ai travaillé sur mon histoire, mes blessures, ma manière de vivre. J’ai fait beaucoup de choses (thérapies, stages, retraites, séminaires..) ! Sans exagérer, j’ai fait beaucoup de choses et ce régulièrement ! Je me suis battue pour avoir ma place parmi les relations bienveillantes. Pour moi c’était la seule chose qui comptait : vivre l’Amour dans mes relations ! J’ai appris à m’occuper de moi, à être bien seule, à choisir mon entourage, à faire face à mes peurs, à demander de l’aide… Je ne veux décourager personne mais j’ai mis 5 ans à sortir complètement de ces schémas ! Je ne dis pas que j’en suis à l’abri car il y a des niveaux de manipulations qui dépassent malheureusement mon entendement ! Et je dois vous dire que ce qui m’a le plus aidée, c’est la foi… La foi en une Perfection d’Amour qui veillait sur moi et me guidait pour que je parvienne à vivre un jour les aspirations de mon coeur… Et bon, le résultat est là, je peux vous en parler avec le sourire et même vous dire que j’ai de la gratitude pour tout ce que j’ai vécu… . Je peux remercier la vie de m’avoir montré mes manques d’amour pour que je puisse m’en occuper, et de m’avoir menée à vivre l’amour dans mes relations. C’était ma terre promise à moi…


Des conseils pour les victimes qui vivent en ce moment même une relation toxique ?

 

Se reconnaître « victime » est une étape de guérison nécessaire. Elle permet d’accueillir avec amour le traumatisme, la peine vécue, le choc, …Puis petit à petit, une fois la plaie pansée, on peut commencer à s’occuper de changer qui est en notre pouvoir, afin que cela ne nous arrive plus !

On comprend alors qu’on a été victime du mensonge que nous nous sommes racontés ou que nous avons choisi de croire. Victimes de n’avoir pas su se protéger de telles personnes. Victime de notre dépendance affective… Victime de nos blessures. Si cette épreuve se présente, c’est sans aucun doute pour changer quelque chose à votre manière de vivre… Parfois les gens qui viennent me voir, sont loin d’imaginer ce qu’est une véritable relation… Ils ne parviennent pas à accepter la dualité de la vie, la réalité ? Ils sont dans des extrêmes soit tout beau, soit tout noir, soit je donne tout, soit je bloque tout. C’est sans doute le moment de faire face à ce qui vous fait peur, d’apprendre la juste mesure, l’amour de soi, le discernement, le renoncement, la solitude, le courage.


Ce qui veut dire que tout le monde peut sortir de cet enfer ?

 

Comme je l’ai dit plus haut. Ce qui dirige, c’est le désir. C’est lui qui donne le cap, la direction. Si nous voulons de toute notre âme en sortir, vivre une relations meilleure, cela se fera… Car nous serons prêt à sacrifier une partie de ce qui nous « plaît » dans la relation pour aller vers du mieux. Si on ne désire pas vraiment s’en sortir. Si on veut seulement ne plus souffrir, ou que le PN cesse d’être un PN, nous nous anesthésierons. Pouvant ensuite traduire cette souffrance sous un autre langage, dans une maladie… Mais le PN restera un PN. Pour s’en sortir il faut le vouloir, mettre des solutions pratiques, concrètes, réelles en place. Le problème ne se réglera pas dans votre tête. Il faut que tout votre être entier conspire à vous sortir de là. D’ailleurs plus on y reste, plus on y ramollit. Comme l’histoire des deux grenouilles. Une grenouille, vit dans une casserole sur le feu dont la température monte petit à petit. Elle finit par cuire. L’autre grenouille, est plongée dans une casserole bouillante. Elle en sort de suite ! J’ai eu de la chance d’être un peu des deux grenouilles. Je me suis laissée cuire et en même temps une partie de moi a réalisé le changement de température et a pris ses jambes à son cou pour sortir hors de la marmite !

 

Désirez de tout votre cœur une relation saine. Une relation d’égale à égale, où chacun peut se montrer tel qu’il est avec ses failles et être accueilli par l’autre. En cas de conflit, chacun s’exprime sur ce qui se passe pour lui et est entendu par l’autre. Pour ensuite, s’ajuster, corriger ce qui ne va pas, de manière à ce que chacun prenne sa part de responsabilité. L’intimité ne commence que lorsque l’on peut se montrer vulnérable, transparent, réciproquement. L’intimité c’est justement enlever sa carapace, faire tomber le voile des apparences, avouer à l’autre le fond de nos pensées, parler librement, se faire un refuge, un sanctuaire à coeur ouvert, un berceau au creux des entrailles, pour goûter aux sentiments les plus profonds, les plus cachés. Le but essentiel de la relation est de justement pouvoir nous montrer tels que nous sommes, nous découvrir aussi tel que nous sommes. Imparfaits mais aimables. Nous sommes essentiellement des êtres de relation. La relation nous fait évoluer, grandir, aimer, nous connaître, et mieux comprendre les autres. Et pour cela apprenez à vous accepter telle que vous êtes, et à voir que les autres ne sont pas au dessus de vous. Personne n’est mieux que personne, on a tous notre lot de misère sur terre. Et heureux sont ceux qui savent ce qu’ils sont vraiment, qui s’aiment justement. Avec justesse, qui n’en rajoutent pas plus, pas moins, ni à leur qualité et ni à leur défaut. Je ne suis pas pire ni meilleure que les autres. Ce que « je suis » m’a été confié, j’en prends soin, et je le fructifie.

 

Comment peut-on savoir si oui ou non une personne est perverse narcissique ?

 

Par exemple en répondant à ces questions :

1 – Les torts que lui font subir d’autres personnes, sont-ils une occasion pour elle d’apprendre à pardonner ou de multiplier les rancunes ?

2- Préfère-t-elle souligner les erreurs des autres ou se pencher sur ses propres erreurs ?

3- Si elle échoue, assume-t-elle la responsabilité de cet échec ou pense-t-elle que c’est la faute d’un autre ?

4- Préfère-t-elle être transparente vis à vis des autres ou bien contrôle-t-elle son image ?

5- Avoue-t-elle ses erreurs facilement ou bien fait-elle tout pour les dissimuler quitte à nier, mentir même quand les faits sont là ?

6- Est-ce plus important pour elle d’être en relation ou d’avoir raison ?

 

Si une personnalité perverse narcissique nous lit en ce moment même et qu’elle prend conscience de « son cas », que peut-elle faire ?

 

Pour ceux qui se rendent compte de ce profil en eux, sachez que nous sommes tous à des niveaux différents manipulateurs. La différence, vient du fait que la manipulation a pris trop de place dans votre vie. Ce que peuvent faire les personnes se reconnaissant PN, c’est : apprendre à vivre leurs émotions sainement, à les nommer, à dire : « je me sens triste, en colère, angoissé« , sans accuser personne. Et trouver l’aide d’un ami avec qui ils peuvent être honnêtes et transparents pour apprendre à voir leur part de responsabilité, avouer leurs torts. Et si un jour le courage et l’envie sont là : aller voir un professionnel pour guérir ce qui dans l’enfance à été profondément mal vécu. Il ne faut pas avoir peur de la « confrontation » avec des professionnels (psys, thérapeutes…) car souvent ce sont eux qui sauront être le plus neutres. Personne ne peut en vérité, ni juger, ni condamner personne. Parce-qu’on ne connaît pas toutes les raisons qui les ont menés à être comme ils sont… Chacun doit s’occuper de son propre cas. C’est l’histoire de la poutre et de la paille. On voit la paille dans l’œil du voisin mais la poutre dans notre œil on ne la voit pas ! Ainsi, vous êtes ce que vous êtes, les autres sont ce qu’ils sont et chacun s’occupe de son cas ! Il y a déjà bien à faire, pour ne pas s’ennuyer !

 

Quand on dit pervers narcissique on pense souvent à un homme ? Vous pensez que les hommes sont plus touchés par cette maladie ?

 

C’est possible. Mais je ne veux pas m’avancer trop vite en disant cela. Car je n’ai pas de statistiques à l’appui ! Vous comprenez. Je pense simplement que c’est possible. Nous sommes dans des sociétés où l’on prend facilement la sensibilité pour une perte de temps, pour « un truc qui sert à rien » , « un truc qui encombre » ! Je me souviens quand j’ai commencé à me montrer vulnérable, à me poser des questions, les gens avaient peur pour moi, ils me disaient : « tu te prends trop la tête Mirana, tu vas te faire bouffer si tu te montres telle que tu es ! etc, etc…« . Je ne les ai pas écoutés bien sûr. Vraiment ils étaient coupés d’eux-mêmes ! Je n’écoute jamais les gens qui ont plus peur que moi de quelque chose. J’écoute ceux qui ont dépassé leur peur et ont changé quelque chose à leur vie ! Tout ça pour dire, qu’on ne permet pas à l’être humain, et encore moins aux hommes d’être vulnérables, fragiles, faillibles, et même différents. Il y a un modèle de réussite et on devrait tous être comme ce modèle, sinon on a raté sa vie… Alors cela crée des monstres à trois têtes, vous voyez, qui repoussent au loin leur sensibilité, leur fragilité, leur humilité, leur individualité ! C’est souvent ceux qui occupent les plus haut postes en société car c’est sûr d’un point de vue pratique, se couper de ses émotions, ne pas douter de soi, rend plus efficace ! Mais si l’être humain a crée des machines, ce n’est pas pour en devenir une, non …?!

 

Et que peut faire concrètement une personne qui vit avec un PN pour se protéger ?

Je pense notamment à quelqu’un qui a une famille avec un pervers narcissique et qui ne peut pas partir du jour au lendemain comme ça… Comment peut-elle se protéger entre-temps ?

 

Trois mots m’ont beaucoup aidée :

 

L’humilité, l’honnêteté et le courage. Sans humilité nous ne pouvons apprendre. Nous ne pouvons changer, nous corriger. Demander et accepter de l’aide. Sans honnêteté, sans vérité face à nous-même, sans transparence nous ne pouvons guérir. Et sans courage, nous ne pouvons avoir la force de changer, la force de nous relever, la force de faire ce que nous n’avons pas osé faire jusqu’à présent.

 

Rappelez-vous qu’un PN ne vous voit pas vraiment puisqu’il nie votre individualité. Il est narcisse assis au bord du miroir. Alors tout ce qu’il vous dit est en fait ce qu’il se dit. D’ailleurs vous pouvez très facilement savoir ce qui l’obsède et le fragilise. Vous pouvez répéter chaque phrase qu’il dit à votre encontre. Par exemple : tu es inculte. Répondez-lui : toi aussi. Et regardez ce qui se passe. Vous n’êtes plus là pour prouver votre gentillesse et votre bonne foi, vous êtes là pour comprendre ce qui se joue pour vous depuis tant de temps.

 

Quand il vous fait une crise, dites-lui : « je sais ce que tu veux, ce que tu es en train de faire, tu veux que j’en vienne à me sentir vraiment nulle, que je doute de moi… » Et voyez ce qui se passe. Décrivez la scène à haute voix. Répétez toujours les mêmes phrases comme un disque rayé, un mantra de protection ! Pour ne plus vous perdre dans son scénario !

A chaque reproche, n’hésitez pas à répondre à côté de la plaque en protégeant votre vulnérabilité ! Il ne la respectera pas ! Nous sommes là dans de la survie ! Dites-lui avec légèreté :  » -on est tous plus ou moins fous » « -on est tous très bêtes ! » – « oui, on est tous un peu perdus sur terre« , et « -et oui c’est la vie« . Ne vous engouffrez surtout pas devant lui dans vos émotions, vous lui donnerez sa nourriture et vous vous ferez beaucoup de mal, car il s’en servira pour vous traiter de fou/folle!

Évitez les tragédies romantico-tragiques, les moments en sa présence, les trop long discours, les justifications et méfiez-vous de sa dépendance qui lui fera dire n’importe quoi !!! Même : »je m’excuse, pardonne-moi !« .Il ne sait pas ce qu’il dit et surtout il ne sait pas changer. C’est juste pour avoir sa dose comme je vous l’ai expliqué plus haut. Vous lui donniez tant. A un moment donné, il sera en manque ! Normal !

 

Et pour finir je dirai :

 

Choisissez vos maîtres ! N’idolâtrez personne ! Et face à un PN fuyez en silence…

J’ai vu un, deux PN changer, parce-qu’il n’avaient plus du tout le choix ! L’extérieur était devenu plus fort ! La carapace a pété ! Ceci étant, ils ont changé sans se voir vraiment. Sans prise de conscience réelle, ils ont arrêté de se décharger sur l’autre à tout va. Parce que ça n’était plus permis. Ils se sont redressés. Comme un domino se redresse, quand il est le dernier des dominos à l’horizontal. Comme quoi c’est vrai, l’union fait la force ! Plus nous serons conscients de ce type de relations, plus ces personnalités-là ne pourront plus se permettre de telles dérives. Qui sait c’est peut-être comme cela que le monde change…

 

Mirana Rao